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La transformation digitale des entreprises, qui a connu un coup d'accélérateur ces dernières années, n'a pas que du bon ! La surexposition à l'information, la diminution du temps (sortir des produits ou des services toujours plus vite) et les espaces de travail de plus en plus partagés ont mis notre quotidien à rude épreuve. Autant de facteurs qui nuisent à notre productivité au travail.

Parti de ce constat, "en soulageant cette sursollicitation, il nous serait possible de regagner en concentration et en créativité" ; C'est l'hypothèse que Cyril Couffe, Docteur en Psychologie cognitive et neuropsychologue, a souhaité vérifier avec son équipe de la Chaire "Talents de la Transformation Digitale" de Grenoble Ecole de Management (GEM).

Il y a 10 ans, des découvertes sur le fonctionnement du cerveau ont prouvé que l'activité cérébrale de certains réseaux, en lien avec la concentration, sont visibles même lorsqu'un individu est inactif. C'est ce que les scientifiques appellent le mode "par défaut", une forme d"errance mentale", indique Cyril Couffe.

Pour analyser les bienfaits de ce mode "par défaut" sur les performances au travail, Cyril Couffe a réalisé deux études. La première auprès d'étudiants de la GEM. La seconde auprès d'une soixantaine de salariés en entreprise. L'objectif étant de mesurer les effets positifs de cette soit disant "errance mentale".

Pour la première étude, le chercheur a demandé à trois groupes témoins de réaliser une tâche relativement complexe de planification (combinaisons d'horaires, de lieux, de tâches attitrées en fonction des individus, etc.) pendant 45 minutes.

Le premier groupe ne bénéficiait d'aucune pause. Les deux autres groupes bénéficiaient d'une pause de 60 secondes, tous les quarts d'heure. "A une différence près : durant cette pause, je demandais au second groupe d'écouter simplement un texte, et au troisième groupe de mémoriser précisément le contenu du texte. La concentration requise pour la mémorisation du texte supprimait de fait toute possibilité d'errance mentale", souligne Cyril Couffe.

Selon l'étude, l'errance mentale permet d'observer une "très nette différence, non seulement sur les capacités attentionnelles, mais aussi en termes de gain d'énergie et de disponibilité". En effet, le second groupe enregistre un score supérieur de 10% en termes de performance par rapport aux deux autres groupes.

En revanche, le groupe 3 qui était en pause mais qui n'a pas pu activer son "réseau par défaut" affiche un résultat similaire au 1er groupe qui n'a bénéficié d'aucune pause. Quant à la 2ème étude, menée cette fois en entreprise, elle dresse exactement le même constat.

"Pour contrecarrer la surcharge mentale, nos recherches montrent qu'il faut activer volontairement le mode 'par défaut'. S'autoriser une errance mentale, laisser ses pensées vagabonder. Idem pour les sentiments et les sensations : ne pas les brider", résume Cyril Couffe.

Oubliez la lecture des sms, des réseaux sociaux, des mails, et même les échanges dans les couloirs avec vos collègues...

Pour récupérer tout au long de la journée, il vous faut trouver régulièrement des moments de vraie pause, à savoir une "source de distraction visuelle (exemple : regarder par la fenêtre) ou sonore (écouter de la musique) qui vous mettent dans un état de rêverie, que vous soyez en mouvement ou pas, mais sans réaliser aucune tâche", conseille le chercheur.

Source : start.lesechos.fr